En exergue
Le temps est hors des gonds. Maudit malheur
Que je sois né pour le remettre à l’heure.
Shakespeare, Hamlet
Les premiers mots
Un taxi ralentit en s’approchant de la boutique du fleuriste qui portait le nom de l’auteur de La Petite Sirène sans lui ĂŞtre apparentĂ©, pas plus que ne le sont tant d’autres Danois, cordonniers, cafetiers ou marchands de couleurs. Je vais commencer, je raconterai quelque chose que tout un chacun a vĂ©cu ; aussi est-il facile d’y prendre part, ce qui est fort agrĂ©able. Sur les bords de la Baltique, Ă l’ombre des hĂŞtres danois… – C’est un beau dĂ©but ! mais celui qui le dit est Andersen l’écrivain, et nous, nous avons la malchance de nous trouver loin des bois et du rivage, un siècle plus tard, en octobre 1943, dans une rue de Copenhague, devant le magasin d’Andersen le fleuriste, Ă l’instant oĂą s’arrĂŞte la voiture.
A propos de…
La dureté de ce roman étrange est à la fois moderne et hantée par Shakespeare, comme le tragique de l’amour impossible rivalise avec la tragédie d’un monde devenu fou d’injustice.
Josiane Duranteau, Le Monde, 1970
Une des plus belles histoires qui soient. Autour de ce qui fut une vérité seulement au Danemark, un crime partout ailleurs en Europe, Vladimir Pozner a construit un petit chef-d’œuvre.
Jean-Didier Wolfromm, Le Magazine littéraire, 1970
Un récit pathétique, déchirant, fort bien mené, où, une fois encore Vladimir Pozner s’affirme comme le poète de l’adolescence.
Yrène Jan, L’Aurore, 1970
Le beau livre de Vladimir Pozner ne doit rien aux fracas de la publicité ou aux caprices de la mode et il se lira encore quand on aura passé la saison des prix ou des oranges.
Pierre Gamarra, Europe, 1969
Le temps est hors des gonds est un livre sur l’occupation. Une histoire d’amour vrai : l’amour d’un fils pour son père ; l’amour de tout un peuple pour la minorité juive qu’on vient opprimer chez lui et qui unira ses forces pour la sauver ; l’amour enfin de deux enfants que la guerre pousse dans le même lit et qui ne voudraient plus se quitter
Pierre-Jean Rémy, préface à Œuvres de Vladimir Pozner, 1977