« Une lecture indispensable aujourd’hui »
(Danièle Sallenave, France Culture, octobre 2009).
Les États-Désunis de Vladimir Pozner, publiés originellement en 1938, au cœur de la crise d’alors, étaient devenus introuvables. Ce portrait cubiste des Etats-Unis ─ et bien au-delà ─ arrive à nouveau en librairie. Avec une fraîcheur, une violence et un humour qui le rendent plus que jamais d’actualité.
En 4e de couverture …
En ces temps de crise, il faut lire et relire cette chronique de l’Amérique de la Grande Dépression. Ce livre clé, « d’une critique impitoyable et d’une grande tendresse » (Jorge Semprun), a marqué les esprits dès sa sortie en 1938. Dans un genre littéraire qui lui est propre, qui tient autant du reportage que de la forme romanesque, Pozner observe et décrit un pays, les États-Unis, alors en pleine détresse spirituelle et matérielle, mais qui ne cesse de fasciner. Ce peuple, l’auteur en sonde l’âme par un puissant montage de détails : la vie quotidienne de Harlem, les briseurs de grève de l’agence Pinkerton, la guerre des journaux à Chicago, les héros déchus de Hollywood, les grèves violentes dans les mines de Pennsylvanie, John Dos Passos et Waldo Frank, le courrier du cœur et les écrivains publics, le marchand de lacets de Wall Street, les gangsters et les croque-morts… Il compose une mosaïque qui renvoie l’image d’un pays où l’énergie le dispute au désespoir, la solidarité à la misère, et où le culte du service et de l’efficacité mène le plus souvent à l’asservissement et au décervelage.
Noam Chomsky, dans un entretien, rappelle l’actualité criante de cette époque et de ce livre. Jean-Pierre Faye signe une postface qui évoque la vie de Pozner et le caractère novateur de son écriture.
Vladimir Pozner (1905–1992) est un écrivain aussi important que discret. Familier de Gorki, lié à Maïakovski et Babel, il contribua à faire connaître la littérature russe en France depuis les années 1920. Son œuvre de romancier démarra en flèche dans les années 1930 avec Tolstoï est mort et Le mors aux dents. Militant antifasciste, réfugié aux États-Unis pendant la guerre, il publia Deuil en 24 heures, fut scénariste à Hollywood, où il se lia notam¬ment avec Bertolt Brecht et Charlie Chaplin, et fut nommé aux Oscars pour The Dark Mirror. Bourlingueur, conteur, défricheur de formes littéraires, Pozner consacra sa vie à témoigner de son siècle, d’une voix unique.