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Janvier 1939 : la guerre d’Espagne touche à sa fin. Le chemin de l’exode conduit des dizaines de milliers d’Espagnols dans les camps de concentration français. Est-ce Pilar que Pierre a rencontrée sur cette route ? Est-ce l’Espagne, son premier amour ? Mais Pilar disparaît comme un rêve, et Pierre se lance à la recherche de cette femme dont l’image à peine entrevue se confond pour celui qui l’aime avec le visage de l’Espagne.
Vladimir Pozner n’a peut-être jamais rien écrit de plus émouvant que ce récit de larmes où l’amour d’un pays et la tendresse d’une femme échangent mystérieusement leurs pouvoirs.
En exergue
Les histoires inventées sont d’autant meilleures, d’autant plus agréables
qu’elles s’approchent davantage de la vérité ou de la vraisemblance,
et les véritables valent d’autant mieux qu’elles sont plus vraies.
Don Quichotte, II, chap. LXII
Les premiers mots
Les savants n’ont pas encore réussi à établir avec certitude l’âge de la Méditerranée, ni à fixer celui des Pyrénées. Petite ville située au pied de celle-ci, au bord de celle-là , Collioure n’est pas moins obscure. A-t-elle deux mille ans ? Deux mille cinq cents ? Trois mille ? On ne sait. Lorsque, il y a vingt-deux siècles, Annibal passa les Pyrénées avant de franchir les Alpes, c’est là que débarquèrent les envoyés du Sénat romain venus pour lui barrer la route ; loin d’être une jeune cité, Collioure était plus ancienne que Rome qui devait l’occuper cinq siècles durant. Conquise à tour de rôle par les Wisigoths, les Arabes, les Espagnols, les Français, dominée au hasard des armes par Charlemagne, les rois d’Aragon, ceux de Majorque, Louis XI, protégée par des tours rondes, héritage des Sarrasins, et par le fort Saint-Elme, ouvrage de Charles Quint, Collioure, cité catalane, a connu six sièges, onze gouvernements et plus de guerres que n’en relatent les manuels d’histoire, de petites et de grandes, de modestes et d’illustres, toutes sanglantes.
A propos de…
Le plus court des romans, ce qui pas plus pour un livre que pour un couteau ne l’empêche d’entrer d’un coup dans le cœur.
Aragon, 1965
Le récit, dans sa brièveté extrêmement dense et intense, rend à merveille le caractère onirique de la déroute espagnole et de l’arrivée en France du lamentable cortège de l’armée républicaine vaincue, meurtrie, affamée – et fière.
Jean Cassou, 1965
L’Espagne que nous montre Vladimir Pozner nous rend jaloux de la qualité de son amour.
L’Express, 1965
Un merveilleux récit à goût de larmes.
Le Travailleur catalan, 1965