Pozner, Vailland, Maupassant… et la censure

Années 50. Guerres coloniales. En 1953, Vladimir Pozner et Roger Vailland relisent Maupassant, et tirent de Bel-Ami un scénario décapant, pour Louis Daquin. Les « événements » d’Algérie apparaissent en filigrane dans une adaptation cependant fidèle. Mais la censure veille. Le film ne sortira qu’en 1957, largement amputé. « Nous n’en étions pas plus responsables que Maupassant : la plupart des gouvernements craignent les écrivains comme ils redoutent les cinéastes. » (Vladimir Pozner)
En 1959, paraîtra Le Lieu du supplice, chroniques de Pozner sur la guerre d’Algérie ; cette-fois c’est l’OAS qui veille : début 1962, un pain de plastic éclate au domicile de l’écrivain, qui sera grièvement blessé. Peut-être est-ce l’autre bout de la même histoire.

50 ans après la sortie de Bel-Ami, que bien peu avaient eu l’occasion de voir, et alors que l’on fête le centenaire de Roger Vailland, l’Association des amis de Vladimir Pozner et l’Association des amis de Roger Vailland se sont concertées pour rechercher cette rareté cinématographique. De proche en proche, et finalement grâce à Gérard Vaugeois (du cinéma parisien Les 3 Luxembourg), ils ont réussi à mettre la main sur ce qui semble être l’unique copie du film, dans une version reconstituée d’après le scénario original non censuré. Bel-Ami va être projeté le 24 novembre à Bourg-en-Bresse, à l’occasion des Rencontres Roger Vailland. Il sera suivi d’un débat avec Olivier Apert, Bernard Chardère, André Pozner, Dagmar Steinova…