Ce roman, dont tous les personnages sont imaginaires dans la mesure où l’imaginaire est fait de bribes de réalité, a été écrit en 1941 et a paru en 1942, à New York, en français d’abord, puis en anglais, pour être, par la suite, publié ailleurs, et dans d’autres langues. Depuis près de cinq ans, l’auteur attend d’être lu par ceux qui, soldats comme lui, ou civils, avaient été charriés, à leur cœur défendant, le long des routes de la débâcle et, un soir, au micro, avaient entendu, avec plus de désespoir que d’étonnement et plus de rage que de désespoir, la voix chevrotante de la trahison.
Vladimir Pozner
Paris, juin 1946
Les premiers mots
Il est faux qu’on ne meut qu’une fois.
Ensuite, ce fut le silence. Il dura. Dubois ne bougeait pas. Aplati sur sa paillasse, les bras collés le long des cuisses, il écoutait. La porte ne battait plus. L’air de la nuit pénétrait dans la cabane. C’était le seul mouvement. Un mouvement sans bruit. Avant, l’air de la nuit était autre. Il charriait des coassements de grenouilles, des sifflets de locomotives. Il s’était enflé, avait crevé, déferlé. Il n’y avait plus de bruit.
A propos de…
C’est un roman terrifiant, un roman qui devrait être lu par tous les Américains. Il existe des livres qui racontent l’histoire des hommes et des femmes consumés par les flammes de la guerre qui fait rage d’un bout à l’autre de la terre, mais ce roman les domine de loin.
Erskine Caldwell, 1942
Deuil en 24 heures, de Vladimir Pozner, est de loin le meilleur roman issu jusqu’Ă prĂ©sent de cette guerre – et il n’y a guère de meilleur roman issu de quelque guerre que ce soit.
Dashiell Hammett, 1942
Le sujet est incomparable ; on dirait que l’art du roman ne pourra jamais l’égaler ; Pozner y parvient, et c’est en toute simplicité, à force d’avoir vécu intensément ce que d’autres n’avaient fait que subir.
Les romans de guerre passés, de Zola, et même de Barbusse, ne permettaient, en guise de conclusion, que de vagues prévisions à long terme. Ici, par contre, l’avenir, déjà entré en action, ne semble plus admettre ni délai ni subterfuge.
Le livre de Pozner nous aide à garder notre courage ; et c’est de cela et de bien d’autres choses que nous le remercions.
Heinrich Mann, 1942
Avec une simplicitĂ© frappante, Pozner rapporte ce qu’il a vu et ressenti… Quoiqu’il dĂ©crive, cela acquiert une telle vĂ©ritĂ© parce qu’il le voit avec humanitĂ© Ă travers les yeux des gens.
Marianne Hauser, New York Times, 1942
Je sais que je ne veux rien manquer de ce que Pozner écrira dorénavant. La vérité est à elle seule une qualité assez rare, mais quand cette vérité est rendue par un styliste doué et subtil, nous sommes très près de ce que la littérature peut produire de meilleur.
Kay Boyle, The Nation, 1942
Merci, cher Ami, de nous avoir envoyĂ© Deuil en 24 heures, qui reste le meilleur tĂ©moignage Ă©crit sur la dĂ©bâcle de 1940. Nous le relisons avec le mĂŞme plaisir que nous avions Ă©prouvĂ© Ă le lire Ă New York – si l’on peut parler de « plaisir » quand il s’agit d’une Ă©vocation de si sombres jours.
Pierre Cot, lettre Ă Pozner, 1946
Le livre est avare de paroles.
Il est localisé et précis comme un bon cardiogramme.
On ne lit pas un pareil livre les yeux pleins de larmes. On le lit en se rappelant sa propre vie ; on le lit en se répétant ses paroles à voix basse et en sentant l’amertume dans sa bouche.
C’est un bon livre : il ne se borne pas à laisser un goût amer, il rend la vue nette.
Victor Chklovski, 1965
Ici, protéiforme, Pozner est au cœur de la mêlée et nous décrit ce que fut vraiment la Route des Flandres, au-delà du roman-recherche élaboré après coup.
Un monument, peut-ĂŞtre, que ce Deuil en 24 heures.
Pierre-Jean Rémy, préface à Œuvres de Vladimir Pozner, 1977