Pour faire parler avec tant de justesse un enfant de cinq ans, peut-ĂŞtre fallait-il les quatre-vingts ans de Vladimir Pozner. Voici en tout cas Didier qui s’Ă©veille au monde Ă l’Ă©poque de Seveso et, prenant en amitiĂ© un homme qui pourrait ĂŞtre son grand-père, Ă©crivain de son Ă©tat, dĂ©couvre avec lui, en se baladant au « Fond des Ormes », la vie, la mort et la fragilitĂ© des choses. C’est l’Ă©crivain qui rapporte l’histoire de cette Ă©phĂ©mère connivence et il le fait avec, en mĂŞme temps, l’art subtil du scĂ©nariste et la clairvoyante prudence de l’amateur de secrets.
Hubert Nyssen et Bertrand Py (Actes Sud)
Les premiers mots
Un oiseau, noir de la queue au bec, survola l’enfant qui leva la tête, le suivit du regard et l’écouta siffler.
Nos maisons étaient placées dos à dos. Je le surveillais de l’autre côté de la haie : je le connaissais encore peu mais il m’attirait. Je devinais qu’il ignorait le nom du merle pour la simple raison qu’il ne savait pas encore parler, je le soupçonnais de reconnaître le chant : à voir son expression, il devait avoir l’oreille juste.
J’étais installé près de la fenêtre ouverte, m’efforçant d’exercer mon métier, devant le bureau, à hauteur de la machine à écrire, et c’est ce qui l’intriguait.
A propos de…
Tout cela remue chez le lecteur une masse d’impressions passées, de souvenirs oubliés, inconscients, que le récit fait obscurément remonter vers la surface sans jamais la franchir, ni même l’atteindre. Je sors tout remué de cette lecture.
Vercors, 1986
Un roman bouleversant qui ne hausse jamais le ton, Le fond des ormes tresse subtilement l’histoire d’une vie – celle d’un garçon qui perd prĂ©maturĂ©ment sa mère – Ă la douleur de voir la nature mutilĂ©e.
Jean-Pierre LĂ©onardini, L’HumanitĂ©, 1992