
Tolstoj Ăš morto Ed. Adelphi, 2010 / EN LIBRAIRIE

Ed. C. Bourgois, 2010 / EN LIBRAIRIE

La BibliothÚque française, 1948

TolstoĂŻ est mort
TolstoĂŻ, fuyant sa maison et les siens, tomba malade dans une gare perdue, Ă Astapovo. Il y mourrait une semaine plus tard, le 7 novembre 1910. Pendant sept jours, le tĂ©lĂ©graphe servit de lien unique entre Astapovo et le monde. Les copies des dĂ©pĂȘches, conservĂ©es dans les archives, furent retrouvĂ©es et rĂ©unies en volumes. Elles constituent lâossature de ce livre. Tous les faits relatĂ©s sont authentiques, toutes les citations littĂ©rales, tous les dĂ©tails conformes Ă la rĂ©alitĂ©. Quelques rĂ©pliques ou remarques, ajoutĂ©es de-ci de-lĂ , sont Ă©crites dans le prolongement des tĂ©moignages tĂ©lĂ©graphiques, nĂ©cessairement brefs.
Vladimir Pozner
Les premiers mots
Le 1er novembre 1910, Ă 10 h 10 du matin, un tĂ©lĂ©gramme est remis au guichet de la petite gare dâAstapovo, sur la ligne de chemin de fer Riazan-Oural.
« Hier suis tombĂ© malade. Voyageurs mâont vu, affaibli, descendre du train. Crains que la nouvelle ne se propage. Aujourdâhui, amĂ©lioration. Poursuivons voyage. Prenez mesures. Tenez-nous au courant. »
A propos deâŠ
RĂ©cit d’une agonie mythique
Il faut absolument lire ce livre d’une audacieuse simplicitĂ©. Un Ă©crivain de 30 ans avec une maniĂšre franche d’aborder les choses, un sens aigu des faits, un regard lĂ©gĂšrement en surplomb, rencontre d’emblĂ©e ce qui est, ou devrait ĂȘtre, la dĂ©finition mĂȘme de toute entreprise littĂ©raire : l’accĂšs immĂ©diat Ă un monde d’Ă©motion et de pensĂ©e.
DaniÚle Sallenave, Le Monde, 5 février 2010
Le tĂ©lĂ©graphe, avant lâiPad, faisait son entrĂ©e dans la littĂ©rature
TolstoĂŻ est mort, de Vladimir Pozner (dont lâĆuvre est Ă redĂ©couvrir, en commençant par Le Mors aux dents et Les Etats-DĂ©sunis), reprend Ă©galement des tĂ©moignages, des dĂ©pĂȘches et des lettres. En 185 chapitres brefs, câest le dernier sĂ©jour de TolstoĂŻ qui est relatĂ©. LiĂ© aux mouvements de lâavant-garde poĂ©tique en Russie, lâauteur a construit une sorte de chant, un collage vigoureux, qui reproduit la situation absurde de lâĂ©crivain agonisant, coupĂ© de sa propre gloire. On pense aux romans-documents de Blaise Cendrars, LâOr et Rhum, et Ă lâouverture de LâEspoir dâAndrĂ© Malraux. Le tĂ©lĂ©graphe, avant lâiPad, faisait son entrĂ©e dans la littĂ©rature.
Raphaël Sorin, Blog Libé, 4 février 2010
La mort de TolstoĂŻ, premier reality show de l’histoire
Le livre qui restitue le mieux l’aura extraordinaire de cet Ă©vĂ©nement est sans doute TolstoĂŻ est mort, publiĂ© pour la premiĂšre fois en 1935 et rééditĂ© rĂ©cemment en France et en Italie.
Lara CrinĂČ, Il Venerdi di Repubblica, mai 2010
Les livres de Elle
Si la vie de LĂ©on TolstoĂŻ est ponctuĂ©e de retournements dĂ©routants, que dire de sa mort ? A l’Ăąge de 82 ans, aprĂšs un demi-siĂšcle de mariage avec la comtesse Sophie qui lui donna treize enfants, il dĂ©cide de fuir la demeure familiale. Voyageant sous un nom d’emprunt, il tombe malade et est recueilli par le chef de gare. TrĂšs vite, les journalistes accourent⊠Le regrettĂ© Vladimir Pozner a choisi dans « TolstoĂŻ est mort », Ă©crit en 1935, de reconstituer les derniers jours du grand Ă©crivain. Aujourd’hui rééditĂ©s, ces fragments mĂȘlant courtes phrases et citations authentiques construisent un roman passionnant et Ă©tonnamment⊠contemporain !
Héléna Villovitch, Elle, 2-8 mars 2010
Pozner, un inventeur de formes
NĂ© Ă Paris en 1905 de parents d’origine russe, il portera en lui, sa vie durant, cette sorte de double origine : en Russie au moment de la RĂ©volution, il s’y rĂ©vĂšle un jeune poĂšte prometteur, soutenu par Gorki, proche de ceux que l’on appellera les formalistes. De retour en France, il fait dĂ©couvrir les nouvelles tendances littĂ©raires de cette neuve Union soviĂ©tique, avant de devenir lui-mĂȘme romancier. Il soutient, durant les annĂ©es 30, les Ă©crivains allemands en exil puis la RĂ©publique espagnole, parcourt les Etats- Unis en 1936 avant de devoir s’y rĂ©fugier pendant la guerre (il Ă©crit quelques scĂ©narios pour Hollywood). L’aprĂšs-guerre le voit poursuivre la lutte : il accueille ces nouveaux exilĂ©s que sont les victimes du maccarthysme, entretient des amitiĂ©s multiples et fidĂšles – avec Brecht, Chagall, Bunuel… Victime d’un plasticage de l’OAS en 1962, il Ă©chappe Ă la mort et poursuit son Ćuvre jusqu’en 1992 â ayant traversĂ© le siĂšcle, Ćil vivant, dĂ©couvreur attentif et artiste novateur.
Thierry Cecille, Le Matricule des anges, mars 2010
La mort de TolstoĂŻ en direct
La fugue et la fin de TolstoĂŻ contiennent en fait un potentiel romanesque et fictionnel qui a attirĂ© l’intĂ©rĂȘt des Ă©crivains, biographes et cinĂ©astes : de Romain Rolland Ă Stephan Zweig, de Tomas Mann Ă Rainer Maria Rilke jusqu’Ă Orwell et bien d’autres, la liste est vaste. Chacun cependant a voulu voir dans la fugue et la fin de TolstoĂŻ une sorte d’Ă©vĂ©nement paradigmatique, nĂ©gligeant la chronique au profit d’une relecture souvent symbolique et pas toujours impartiale de la rĂ©alitĂ©. Le seul livre qui a vraiment racontĂ© la fugue et la fin de TolstoĂŻ a Ă©tĂ© Ă©crit en 1935 par Vladimir Pozner.
Mattia Mantovani, La Provincia di Lecco, juin 2010
Sur un événement devenu mythique, Pozner écrivit un premier livre à la facture originale qui donna la mesure de son talent.
Vladimir Pozner est un de ces intellectuels et Ă©crivains d’exception comme le XXe siĂšcle en connut peu. Russe et Français tout Ă la fois, mais aussi esprit universel et cosmopolite, prenant son miel lĂ oĂč il le trouvait, loin de toute contrainte, il fut sa vie durant un homme engagĂ© qui croyait que le monde pouvait et devait changer. (âŠ) En 1935, son premier livre, TolstoĂŻ est mort, connaĂźt un succĂšs retentissant.
(âŠ) Le livre est le rĂ©cit heure par heure, minute par minute, de la fin du grand homme, suivie dans le monde entier au moyen des tĂ©lĂ©grammes et des journaux. Face Ă une popularitĂ© immense qui ne peut ĂȘtre comparĂ©e qu’Ă celle de Victor Hugo pour les Français, le gouvernement tsariste, qui craignait TolstoĂŻ, Ă©tait sur les dents et avait dĂ©pĂȘchĂ© des policiers chargĂ©s de suivre son agonie. (âŠ) Les paysages dĂ©trempĂ©s, la nuit ou la grisaille du jour, les attroupements silencieux, le sifflet du train… dessinent une toile de fond au diapason de l’angoisse de tous les spectateurs de cette agonie.
A partir de ce fil conducteur, Vladimir Pozner rĂ©alise un rĂ©cit fort et original en utilisant la technique du montage comme l’avaient pratiquĂ©e les cinĂ©astes et les photographes tels Rodtchenko ou John Heartfield, dont l’influence fut grande sur les Ă©crivains russes des annĂ©es 1920. (âŠ)
On ne raconte plus, le lecteur devient acteur de l’aventure en recrĂ©ant du lien et du sens tel que lui le perçoit. Vladimir Pozner, en mettant en place une technique d’Ă©criture qui aurait pu ĂȘtre dĂ©routante, voire ennuyeuse, rĂ©ussit le tour de force de rendre passionnant ce qui aurait pu sembler insignifiant et Ă faire surgir, Ă©troitement liĂ©es, Ă©motion et pensĂ©e. Du grand art.
Marie-ThĂ©rĂšse SimĂ©on, L’HumanitĂ©/Les lettres françaises, juin 2010
Le cas TolstoĂŻ
C’est le mĂ©rite de Pozner qui a voulu consulter tous les tĂ©lĂ©grammes partis de et arrivĂ©s Ă Astapovo. Son compte rendu, « monté » comme une sĂ©quence de film (Pozner a aussi Ă©tĂ© scĂ©nariste, et son « The Dark Mirror » a Ă©tĂ© nommĂ© aux Oscars en 1946) a une saveur Ă Ă©gale distance d’Ionesco et de Gogol.
Nicoletta Tiliacos, Il Foglio, juin 2010
Et TolstoĂŻ fugua
DĂšs que la nouvelle de la fugue de lâĂ©crivain est connue, les Ă©chotiers arrivent en masse Ă Astapovo et prĂ©cĂšdent la famille. GrĂące aux dĂ©pĂȘches, nous nâignorons rien du quotidien du grand homme : son pouls, sa nourriture, sa tempĂ©rature⊠DâaprĂšs la rumeur, des foules de disciples caucasiens feraient le siĂšge de la ville. «Tout, souligne Vladimir Pozner, est matiĂšre Ă articles, les mensonges comme les mises au point, les suppositions comme les dĂ©mentis.»
Joseph Macé-Scaron, Le Magazine littéraire, février 2010
Le retour de Pozner
La prĂ©sence de Vladimir Pozner, disparu en 1992, s’imposait Ă l’occasion de la cĂ©lĂ©bration de l’annĂ©e de la Russie. Sa forte personnalitĂ© d’Ă©crivain et de journaliste en fait le trait d’union culturel entre nos deux pays. NĂ© Ă Paris en 1905, il passa sa jeunesse Ă Petrograd au moment de la rĂ©volution de 1917. De retour en France en 1921, c’est en langue française que le jeune homme qui a traduit TolstoĂŻ, DostoĂŻevski et la nouvelle littĂ©rature soviĂ©tique, Ă©crit ses premiers ouvrages.
Jean-Claude Lamy, Le Midi libre, 23 avril 2010
TolstoĂŻ est mort, docu-livre de Vladimir Pozner
Le montage d’Astapovo
Avant 1935, on pensait tout savoir sur la fugue sĂ©nile de LĂ©on TolstoĂŻ et sur sa mort dans le village d’Astapovo : c’est alors que Pozner a « monté » tout le matĂ©riel dispersĂ© (tĂ©lĂ©grammes, articles, rapports de police) avec une incroyable tension objective, et ainsi rĂ©alisĂ© un grand roman sur le dernier souffle de l’Ă©popĂ©e.
Enzo di Mauro, Alias, supplément à Il Manifesto, juillet 2010
Le monde Ă©pie les derniers battements de son cĆur
Pozner reconstruit cet ultime Ă©pisode de la vie de TolstoĂŻ, mettant en Ă©vidence l’intĂ©ressant phĂ©nomĂšne, nouveau pour l’Ă©poque, qui le caractĂ©rise : le complet renversement des rapports traditionnels entre vie publique et vie privĂ©e.
Nadia Caproglio, La Stampa, juin 2010
Bien sĂ»r, la littĂ©rature française et Ă©trangĂšre, Ă partir de la deuxiĂšme partie des annĂ©es vingt, expĂ©rimente le montage et lâintĂ©gration de documents bruts â prospectus, affiches, extraits de journaux, etc. TolstoĂŻ est mort a en ce sens des prĂ©cĂ©dents fameux. Mais rien pourtant dâaussi radical Ă ma connaissance que TolstoĂŻ est mort.
Valérie Pozner, Journées Vladimir Pozner, Maison des écrivains, Paris 2005
(voir aussi ValĂ©rie Pozner, TolstoĂŻ est mort, Revue dâEtudes slaves, LXXXI (2010), p. 113-124)
Un roman-documentaire sur les derniers jours du grand écrivain.
Nicole Zand, Le Monde, 1992
Je me souviens, moi aussi. Je me souviens d’un livre qui Ă©tait posĂ© par terre, dans un jardin, Ă cĂŽtĂ© d’un fauteuil d’osier vide. Bien avant la guerre. J’empruntai le fauteuil, et le livre. Il Ă©tait question, Ă la premiĂšre page, d’une petite gare, sur une plaine, sans rien autour, la nuit dĂ©jĂ tombĂ©e. Les trains jamais ne s’arrĂȘtaient, dans cette gare. Et ce soir-lĂ , le chef de gare tendait l’oreille, passait sa veste, sortait en courant de sa chambre : mais oui, le train freinait, s’arrĂȘtait. Une jeune femme en descendait, qui aidait un vieux monsieur souffrant. Le train repartait. Et le chef de gare courait changer les draps du seul lit de la station, le sien. C’est le dĂ©but d’un chef-d’Ćuvre, TolstoĂŻ est mort, de Vladimir Pozner.
Michel Cournot, Le Nouvel Observateur, 1972
Le livre est montĂ© comme un film. Ce grand Ă©vĂ©nement de la mort de TolstoĂŻ se reflĂšte simultanĂ©ment dans les lettres des siens, dans les articles des journalistes, dans les dĂ©pĂȘches des adversaires et disciples lointains. Il en rĂ©sulte une impression frappante de vĂ©ritĂ©.
Le Bulletin des Lettres, 1935
Ce livre est saisissant comme la vie, angoissant parfois comme la mort elle-mĂȘme qui est prĂ©sente.
L’Echo de Paris, 1935
La sobriĂ©tĂ© du rĂ©cit, l’absence de toute rhĂ©torique donnent Ă ce livre un cachet de vĂ©ritĂ© impossible Ă dĂ©passer. On vit le drame soi-mĂȘme.
Maurice Daubrive, Miroir du Monde, 1936